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RADIOACTIVE : chronique

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RADIOACTIVE : chronique

En faisant le portrait de Marie Curie, Marjane Satrapi semble dessiner le sien et s’affranchit du cadre souvent corseté du film biographique.

 

Depuis ses débuts avec le film d’animation PERSÉPOLIS, adaptation de sa bande dessinée et récit de sa vie en Iran puis de son émigration en France, Marjane Satrapi n’a jamais fait les choses comme les autres. Femme d’image portée par un ardent besoin d’esthétique, elle s’est toujours imposée à part. Après THE VOICES, projet américain tourné en Europe, la voici à la tête d’une production britannique, en anglais, consacrée à une icône devenue française : Marie Curie, découvreuse avec son époux Pierre du radium et du polonium. Émigrée de Pologne, évoluant dans un monde d’hommes, affirmant sa personnalité iconoclaste par son travail, la scientifique apparaît en creux comme un avatar de Satrapi elle-même. Mais ces passerelles, qui s’établissent entre la cinéaste et son sujet, ne viennent jamais cannibaliser RADIOACTIVE et son ambitieuse histoire. Adapté du roman graphique éponyme de Lauren Redniss, le film entend aller bien au-delà du récit biographique pur pour réfléchir également à l’héritage que les travaux des Curie auront laissé. À la fois portrait de la scientifique et historique de la radioactivité, RADIOACTIVE s’affranchit ainsi du cadre du biopic – généralement circonscrit à l’existence du sujet – pour s’aventurer bien plus avant dans le temps et étudier la manière dont la découverte des Curie aura changé le monde, outil à la fois de guérison et de destruction. Certes, la narration trébuche par moments, comme réticente à sa propre audace. Peut-être aurait-on aimé voir RADIOACTIVE éclater davantage sa narration, prendre le temps de la contemplation ou de développer toujours plus ses différentes trames. Pourtant, jamais le film ne plie car il compense par la richesse des thématiques abordées – la science face à l’éthique, le féminisme face au patriarcat – et la justesse avec laquelle Satrapi les capture. RADIOACTIVE ne tombe ainsi jamais dans la reconstitution académique ou lénifiante. Et ce, notamment, grâce à la modernité de la photo de Anthony Dod Mantle ou à quelques saillies surréelles via la figure de la danseuse Loïe Fuller. Le film a l’élégance de s’accrocher avec vigueur, sans la lisser, à une Marie Curie si peu commode qu’elle en devient bouleversante. Ainsi, il parvient même à fusionner l’intime et le global, la petite et la grande Histoire, la bio objective et l’identification du spectateur. Car son cœur bat au rythme de la peur dévorante de la maladie, de la mort et du deuil. Hanté par ces fantômes universels, RADIOACTIVE s’insinue sournoisement et bouleverse sans prévenir. Sans doute en raison de la sincérité avec laquelle Satrapi observe l’adversité.

De Marjane Satrapi. Avec Rosamund Pike, Sam Riley, Aneurin Barnard. Royaume-Uni. 1h50. Sortie le 11 mars

4Etoiles

 

 

 

 


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